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« Ça me rend fou toutes ces vies qui pourraient être sauvées si plus de Français étaient formés aux premiers secours »

« La première fois que j’ai compris que la formation aux premiers secours serait mon cheval de bataille, c’était en novembre 2019, le lendemain de mes 18 ans. Alors bénévole à la Croix-Rouge française, je suis de garde dans un centre de secours de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Après un début de garde relativement calme, l’alarme retentit : je pars avec une équipe sur ma première intervention pour un arrêt cardiorespiratoire, pour une femme de 83 ans. Malgré notre arrivée rapide, et les premiers gestes prodigués tant bien que mal par sa petite-fille, avec l’aide de l’opérateur des pompiers au bout du fil, la personne est déclarée décédée après une longue tentative de réanimation.
Ce qui me marque ce jour-là, comme à chaque fois que cela est arrivé depuis, ce n’est pas tant ce cri sourd venant du fond des tripes que poussent les proches quand on leur annonce la nouvelle, mais le silence qui suit. Et leur visage qui se transfigure quand ils ont enfin compris… Dans ce silence assourdissant, je me promets alors de tout faire à l’avenir pour agir dans les cas où la mort peut être évitée par des gestes de premiers secours rapides et efficaces. Lorsqu’une personne est en arrêt cardiaque, chaque minute qui passe sans prise en charge équivaut à 10 % de chance de survie en moins. A Paris, les secours arrivent en moyenne en sept minutes.
C’est pour cela que je suis aujourd’hui, à 22 ans, formateur professionnel de secourisme. Mon métier est d’apprendre les gestes qui sauvent à des adultes, à des adolescents, à des futurs professionnels du secourisme, à des jeunes parents… comment faire un massage cardiaque en cas d’arrêt du cœur, mais aussi comment réagir en cas de mauvaise chute, de brûlure, de coupure, etc. Je passe également une bonne partie de mon temps libre, dans la vraie vie comme sur les réseaux sociaux, à sensibiliser les gens aux premiers secours. Et je continue, à côté, les gardes bénévoles pour la Croix-Rouge, quelques fois par mois, où j’encadre des équipes de secouristes.
Il faut dire que le sujet des premiers secours, et de la vie qui peut s’arrêter en quelques secondes, me parle particulièrement. Enfant, j’ai vu l’impact que pouvait avoir la mort d’un être cher dans une famille, avec la perte de ma petite sœur des complications d’une maladie. Puis ma jeunesse a été ponctuée de divers problèmes de santé et d’accidents, où j’ai fini à plusieurs reprises dans une ambulance. Tout cela pour dire que j’ai un peu l’impression de « rendre » quelque chose à la société aujourd’hui en m’engageant sur cette voie. Le secourisme est devenu une philosophie, une passion, presque une obsession. Le contenu de ma bibliothèque comme mes proches peuvent en témoigner.
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